Guinée équatoriale — 12 octobre 1968

Publié le 01 novembre 2025 — par Team_Kanfura 30 lectures 0 réactions

Entre la mer et la forêt, la Guinée équatoriale a longtemps vécu à la frontière du silence. Le 12 octobre 1968, les vagues de l’Atlantique semblent s’être faites plus lentes, comme pour écouter un peuple reprendre son souffle. Ce jour-là, les tambours résonnent à Malabo, les danses s’élèvent à Bata : la dernière colonie espagnole d’Afrique obtient son indépendance. Une libération tardive, mais d’autant plus précieuse — comme une graine longtemps enfouie, enfin exposée au soleil.

Là où l’océan parle en langues multiples

Avant les frontières et les dictionnaires, cette terre était un archipel de voix : Fang, Bubi, Ndowe, Bisio, Kombe. Sur l’île de Bioko comme sur la côte du Río Muni, chaque peuple avait sa mémoire, sa musique, ses rites de forêt. L’Espagne, arrivée au XVIIIe siècle, imposa son ombre et sa langue, mais jamais son silence. Dans les foyers, les récits oraux survécurent, tissés de proverbes et de chants. L’indépendance de 1968 fut donc moins une rupture qu’une résonance : la mémoire revenait à la surface, intacte et féconde.

⫷⫸ La nuit et l’aurore

Les premières années furent troublées. Après la liesse vint la peur, puis l’exil. Mais dans les villages, la vie continua — obstinée. Les femmes, gardiennes de la parole, transmirent les chants et les prières. Les pêcheurs, au petit matin, continuaient d’honorer la mer avec leurs pirogues peintes. Sous le vent lourd des tropiques, le peuple apprit à survivre sans renoncer à sa lumière intérieure. L’indépendance n’était plus un événement, mais un travail du quotidien : préserver la dignité, même quand le ciel se ferme.

Le cacao et la parole

Dans les plantations, le cacao et le café devinrent symboles d’endurance. Chaque fève séchée au soleil portait un souvenir de lutte. Avec le temps, la Guinée équatoriale se redressa, lentement, à la manière d’un arbre après la tempête. L’économie se transforma, la langue espagnole resta, mais s’adoucit au contact des langues africaines. La musique contemporaine, les arts, la poésie réinventèrent l’identité nationale — entre héritage ibérique et âme africaine. Les jeunes artistes chantent aujourd’hui en fang, en espagnol, parfois en français : signe que la mémoire sait danser entre les mondes.

Héritage d’un double rivage

Être guinéen équatorial, c’est porter deux mers dans un même cœur. La mer de l’Afrique, d’où viennent les ancêtres, et la mer de la langue espagnole, apprise et apprivoisée. Cette dualité, longtemps perçue comme une fracture, est devenue une richesse. La Guinée équatoriale est aujourd’hui l’unique pays africain hispanophone, un pont culturel entre continents. Et sous les palmiers de Malabo, le 12 octobre demeure jour de tambours, de fierté et de recommencement.

Conclusion

Comme une graine qui perce la terre après des saisons d’attente, la Guinée équatoriale rappelle que la liberté n’est jamais donnée : elle germe. Elle pousse à travers les tempêtes, elle croît dans le silence, jusqu’à retrouver le ciel.

« Même dans l’ombre des forêts, la lumière finit toujours par retrouver le chemin du cœur. » — Kanfura

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